1940, la bataille de France au jour le jour : 15 mai, la panique s'empare des Alliés, les Panzers prennent l'avantage

EPISODE 7 - C'était il y a 80 ans. Les Pays-Bas signaient un armistice avec l'Allemagne nazie et la panique s'emparait du camp allié. En Belgique et autour de Sedan, les Panzers remportaient des combats décisifs malgré une résistance farouche et parfois héroïque des troupes françaises. 

Il est 2 heures du matin ce 15 mai 1940. Le président du Conseil, Paul Reynaud, est réveillé par l’appel téléphonique du préfet de Charleville-Mézières, complétement affolé : "Les chars allemands sont dans les rues. Le front est enfoncé, plus rien ne s’oppose à l’avance des blindés". 
 

Nous sommes vaincus, nous avons perdu la bataille.

Paul Reynaud, président du Conseil.


La panique gagne l’Etat-major français. Paul Reynaud appelle le premier ministre britannique Winston Churchill à 7h30. Un réveil brutal puisque le Français lui annonce : "Nous sommes vaincus, nous avons perdu la bataille". Churchill réplique : "Voyons, il est impossible que cela soit arrivé si vite !".
 


Le chef du gouvernement britannique évoque la possibilité d’une contre-attaque française avec des réserves fraîches mais découvre alors... qu’il n’y a pas de réserves. Ses troupes ont été envoyées elles aussi en Belgique. Dans ses Mémoires, Churchill avoue qu’il s’agit là d’une des plus grandes surprises de sa carrière.
 


Pourtant selon le plan initial des Alliés, des troupes de réserve étaient basées autour de Reims, un endroit idéal pour contrer une offensive venue des Ardennes.

Mais les grands officiers français étaient tellement convaincus que le combat décisif se jouerait dans le nord de la Belgique qu’ils avaient envoyé ces troupes à l’autre extrémité du front, jusqu’aux Pays-Bas, se privant de toute réserve pour réagir dans le secteur de Sedan. Ce fut l’erreur majeure de ce début de bataille, mais il y en eu d’autres...
 


A 17h30, Churchill et son chef d’Etat-major adjoint Sir John Dill, prennent l’avion pour se rendre à Paris remonter le moral des gouvernants français lors d’une réunion au Quai d’Orsay. 


Les Pays-Bas signent un armistice


A 10h50, les Pays-Bas signent un armistice. La reine Wilhelmine embarque à bord d’un navire britannique pensant se rendre à Flessingue en Zélande, dans le sud des Pays-Bas encore sous le contrôle de son armée. Les Britanniques l’emmènent en fait à l’abri, contre son gré, en Angleterre.
 


Malgré l’armistice, des troupes néerlandaises continuent de se battre aux côtés des Français à l’embouchure de l’Escaut en Zélande.
 

 
Si la panique s'est emparée de l’Etat-major français, les soldats se battent vaillamment sur le terrain. En Belgique, les Alliés bloquent encore les Allemands. Ce 15 mai, 15 000 obus furent tirés par l’artillerie alliée. Les combats sont acharnés mais les Allemands sont déjà trop avancés au sud de ces positions.

Français, Belges et Britanniques doivent battre en retraite en fin de journée pour éviter d’être pris à revers.

Les Panzers prennent l'avantage


Alors que les divisions blindées allemandes foncent droit devant, les divisions blindées françaises, capables de rivaliser, étaient submergées d’ordres contradictoires.
 


Par exemple entre le 11 et le 15 mai, le général Bruché à la tête de la 2e division cuirassée française, une unité d’élite fortement armée, reçu 5 ordres d’intervention différents. Cette division blindée fut dissoute sans presque combattre, les chars se retrouvant séparés de leur approvisionnement, privés d’essence et de munitions à cause des problèmes logistiques créés par ces ordres et contre-ordres à répétition. Le 16 mai cette division est tellement éparpillée qu’elle ne peut plus combattre.

A Flavion, en Belgique, les chars allemands et français s’opposent. Contrairement à la bataille d’Hannut deux jours auparavant, cette fois les Panzer l’emportent grâce à leur meilleure coordination avec l’aviation.
 


Le général Rommel participe à ce combat, dont il n’attend même pas l’issue. Il laisse l’autre division blindée finir le combat et file avec ses Panzers en contournant par le sud le champ de bataille. Il est impatient de couvrir les derniers kilomètres jusqu’à la frontière française.

Des char français B1 sont détruits lors de la bataille de Flavion. Avec ses 32 tonnes, c’était le mieux blindé des chars du début de la guerre. Très gourmand en carburant, il avait une petite autonomie par rapport aux chars allemands. En panne d’essence, ces chars ont été sabordés par leur équipage après la bataille et abandonnés rue Madame, à Beaumont en Belgique.
 


Contrairement à une légende tenace, les Allemands possédaient moins de chars que les Français en mai 1940. D’après l’historien militaire allemand Karl-Heinz Frieser, l’armée allemande possédait 2439 chars contre 3254 pour les Français. Les chars français étaient souvent mieux blindés que les Allemands.

Mais ils étaient dispersés, privés de communication radio efficace et de lien avec l’aviation, alors que les chars allemands chassaient en meute, rassemblés dans de grandes divisions blindées très mobiles et autonomes.

Les tankistes allemands nous tiraient dessus comme à l’exercice, leurs obus perforaient les tourelles de nos chars de part en part.

Pierre Cazenave, soldat français.


A Sedan ce 15 mai, les Français n’ont que 351 chars à opposer aux Allemands dont 126 Renault FT17 de la première guerre mondiale du 33e bataillon de chars. Ce bataillon est totalement anéanti.
 

Pierre Cazenave, un soldat français se souvient : "On nous avait retiré nos modernes Renault R40, devant servir à l’instruction, pour nous équiper de vieux Renault FT17, lents, mal armés et peu blindés. Notre bataillon a été engagé dans une véritable mission-suicide contre les Panzer de Guderian. Les tankistes allemands nous tiraient dessus comme à l’exercice, leurs obus perforaient les tourelles de nos chars de part en part. Notre vitesse limitée à 8km/h, faisaient de nous des cibles idéales".
 

 


Sur 63 chars engagés, 55 sont détruits. Sur 132 hommes d’équipage, seuls 22 survivront. Les derniers chars sont enterrés, laissant la tourelle à découvert pour tenter de mieux résister aux Allemands.

Le sacrifice des Spahis à La Horgne


A La Horgne, près de Sedan, le village est défendu par des Spahis algériens, des soldats à cheval. 

 


A 8h30, l’assaut allemand commence. Devant la résistance française, les Allemands font intervenir des blindés. 16 chars allemands sont détruits. La situation est désespérée pour les Français mais ils refusent toutes demandes de reddition.
 


A 15 heures un escadron de Spahis à cheval charge les blindés allemands. L’escadron est anéanti. Les survivants se battent dans le village jusqu’à 17 heures. En 12 heures de combats, 610 soldats français et algériens sont tués ou blessés. Côté allemand, un millier d’hommes sont tués ou blessés et une vingtaine de chars détruits.
 

 


1950 soldats français et issus des colonies, tombés pendant ces combats désespérés autour de Sedan, sont inhumés dans la Nécropole Nationale de Floing sur les hauteurs qui dominent la Meuse.
 


Non loin de Sedan, se trouve également le village de Stonne. L’Etat-major français ne veut pas que les Allemands puissent avancer vers le Sud et peut-être s’ouvrir la route de Reims et Paris, il ne faut donc pas perdre Stonne.
 


Le régiment d’élite de l’armée allemande, le Großdeutschland et 300 Panzers tentent de s’emparer du village défendu par 160 chars français, dont de massifs BI bis, et la 3e division d’infanterie motorisée (DIM), une unité de soldats d’active, bien entraînés et équipés.

A la fin de la journée, le village a déjà changé de mains plusieurs fois au gré des attaques et contre-attaques. Il n’est plus que ruines fumantes, certains soldats allemands commencent à l’appeler le "Verdun de 1940". Les jours à venir vont leur donner raison...


► La suite de notre série demain avec la journée du 16 mai 1940. Vous pouvez relire les épisodes précédents dans le récapitulatif ci-dessous :
 

 
 

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